Autobiographie

Dans le cercle chromatique des saisons, le rouge flamboyant d’un paysage d’automne précède le violet de la contemplation spirituelle, puis le bleu hivernal de la sérénité.

C’est là que patiemment les âmes butinent la sève qui jaillira dans le vert printemps.

Le mien a commencé avec la rencontre de ma Muse voilà 12 ans.

J’en ai soixante deux : je vous laisse imaginer le temps qu’a duré ma période glaciaire…

Pourtant, il y a très longtemps, il y eu des prémices de bourgeons annonçant la verte saison.

Remontant la spirale de mon illuminothérapie depuis ma plus tendre enfance, je me souviens d’un canevas de plastique sur lequel je plaçais des perles en forme de clous, et dont les couleurs me fascinaient, autant que les innombrables possibilités de composition.

Et d’autres images : je dessinais en classe, souvent pour amuser mes camarades, des caricatures enfantines de mes profs.

Mais un drame, disons même une tragédie survint, lorsque ma maitresse du cours élémentaire me confisqua et jeta dans la corbeille un petit livre de contes – dont le chat botté – illustré de magnifiques peintures. Je n’ai jamais pu récupérer ce trésor, mais le souvenir de ses illustrations en couleur m’éblouit encore, au point qu’aujourd’hui je cherche à recréer la visuelle poésie qui m’a été volée.

Puis il y eut – comment les manquer ? – des planches de « super-héros » que je reproduisais en posters, mais qui rapidement me lassèrent, remplacés par les comics underground français des années 70, dont les couvertures me fascinaient : vampires, cryptes, morts-vivants…

J’essayais là encore de les reproduire, avec une préférence pour les branches décharnées des vieux arbres entourant ces manoirs hantés se détachant sur le cercle de la pleine lune.

Sans doute le soleil de mon coté obscur…

Vers 12 ans, ils étaient déjà loin, sur le chemin introspectif de mon enfance, les « super-héros » aux actions « viriles » qui œuvraient pour le bien de l’humanité, à la lumière de la gloire et de la reconnaissance universelle.
D’autant plus loin, qu’à l’âge ou les autres commençaient à admirer les voitures, moi, j’étais attiré par les reflets et les plis des robes de Watteau et de ses fêtes galantes.

Un simple ruban aux reflets soyeux fut ma première œuvre à l’huile, suivie dans l’intrépidité de mon élan par la copie de « l’embarquement pour Cythère » sur un drap de lit.

L’age adulte mit un terme à mes contemplations et je dus me résoudre à une activité plus « raisonnable », conformiste, et d’un abyssal ennui : technicien dans l’industrie.

A 50 ans je rencontrais Anne, qui m’incitait à reprendre la peinture, que, par absence totale d’encouragement, je pratiquais très épisodiquement, et je replongeais dans mes rêveries, qui de récréatives devinrent créatives.

Anne signifie, en langage de troubadour: « Renaissance ».
Pour moi, plus simplement: « Naissance ».

~ Louis Carvalho